Arraxas Sang-De-Lune

Arraxas attendait, nerveux….. Il était arrivé en avance, préférant profiter du calme de la cour du soleil juste devant la flèche de Solfurie. Il s’allongea alors sur la bordure de la fontaine, laissant son âme errer, sa main baignant dans l’eau.

Le matin même il avait fait parvenir une lettre à l’attention de Noxsylvavis Cendresang, un jeune chef de guerre très prometteur selon les dires de la jeune Lywen.

Son cœur bouillait d’impatience à l’idée de pouvoir enfin se rapprocher de Lywen, son amour de Jeunesse, une jeune chevalière récemment engagée dans la phalange. Il ne pouvait rater cette occasion ; de cet entretien dépendrait l’orientation qu’il donnerait à sa vie.

Il se remémora alors tout le chemin qu’il avait du faire avant son retour à Lune d’Argent. Arraxas se releva, et sortit de son sac de voyage usé, un carnet de bord récemment acheté dans le quartier du Bazar. Il voulait garder une trace de son histoire passée, au cas où il viendrait à disparaître, ou tout simplement se remémorer sa jeunesse insouciante, qu’il s’apprêtait à quitter définitivement.

Il sortit sa vieille plume et commença à écrire :

« Je me prénomme Arraxas Sang-De-Lune…..
Fils Unique d’une ancienne famille de prêtres issue de la petite noblesse ayant traversé tous les âges, la Famille Sang-De-Lune.
Tous les membres de cette famille ont fièrement porté ce nom par le passé, ce nom qui force le respect aujourd’hui encore à Lune d’Argent et dans bien d’autres lointaines contrées.
Héritage d’un passé douloureux quand je repense à mes ancêtres…………la plupart ayant versé jusqu'à leur dernière goutte de sang pour servir Elune et la voie destinée à tout serviteur de la Lumière. Aujourd’hui notre famille est exsangue après le passage du Fléau….
Quel remerciement avons-nous à présent ? … Il ne reste plus que mes parents et moi …. »

Arraxas sourit alors, en pensant à ses parents

« Ma mère, Néridia Sang-De-Lune, représentera toujours la chaleur, la bonté et la douceur.
Mon père, Xelaras ….. le pauvre, a été blessé au plus profond de son âme et de son cœur à la vue des horreurs perpétrées par le Fléau.
Il a vu ses frères et sœurs de notre jadis si nombreuse famille, tomber les uns après les autres sous les coups du Fléau, et les voir se relever transformés à jamais en êtres immondes épris d’une faim insatiable de chair fraîche.

Quelque chose s’est alors brisé chez mon père, et toutes les prières de ma mère n’y ont rien changé. Pensant être abandonné par Elune, mon père prît conscience en regardant la Lune qu’il avait adoré toute sa vie, qu’il n’y avait plus qu’une seule façon de voir les choses. Et telle la lune ayant une face lumineuse, et une face de l’ombre, il renoncerait à la lumière, et se donnerait à présent aux ombres.
Le fléau n’est plus, mes parents ont survécu, et moi également, même si je n’ai aucun mérite… estimant que je n’étais pas prêt, ils m’ont caché tout ce temps durant ….

Ce changement radical chez mon père, a finalement été bénéfique à notre famille.
Elle ne prône plus une vision unique basée sur la lumière, mais plutôt une acceptation de la dualité en ce monde.
Pour notre race à présent, tous les moyens sont bons pour arriver à nos fins. Et tout notre sang, qui aura coulé initialement pour Elune, nous aura en fin de compte montré la voie.
Le monde n’est pas uniquement fait soit de lumière, soit d’ombre, il est comme mes parents, un équilibre. Et peu importe si je dois utiliser la lumière ou les ombres, j’utiliserai ce qui sera le meilleur pour l’avènement des Sin’Dorei.

Arraxas regarda la position du soleil, l’ombre de la flèche de Solfurie couvrait bientôt à moitié la cour du soleil, il comprit que l’heure du rendez-vous approchait, et s’empressa de gratter quelques lignes de plus

Depuis ma prime jeunesse, tout a été réglé par mes parents et ma famille dans les moindres détails.
Une éducation de qualité, les facilités liées au rang que procure un sang noble, et le personnel au service de notre nombreuse famille d’antan afin de faciliter la vie de tous les jours.

Parmi nos gens de maisons se trouvait une elfe, plus assidue à la tâche que dix autres réunies. Mes parents touchés par la détresse de cette femme, lui confèrent rapidement la gouvernance de notre demeure. Elle se prénommait Katzia VivEmbrase, et élevait seule son enfant. Esseulée par un mari trop soucieux de ses recherches d’une source alternative de pouvoir, elle se donnait corps et âme pour élever au mieux sa jeune fille, Lywen.

Je me souviendrais toujours de notre première rencontre, elle se cachait derrière la robe sale de sa mère, mes yeux ne pouvaient la quitter du regard. Le soleil faisait briller ses yeux de milles éclats, et sa chevelure flottait au vent telles des flammes.
Lywen, respirait la joie de vivre, et seuls ses sourires égayaient mes journées d’études longues et fastidieuses. Toutes ces années en sa présence, la petite Lywen que je considérais comme ma petite sœur, devint la belle et élégante jeune fille d’aujourd’hui qui fait vibrer mon cœur.

Même les longs mois ou nous évitions le Fléau, reclus dans la froideur glaciale des montagnes d’Alterac me paraissait de chaudes, paisibles et belles journées d’été en sa compagnie.

Hélas, vint un jour où mon apprentissage m’envoya dans une autre contrée glaciale.
Mes protestations furent vaines, cette étape était indispensable selon mes parents. Ni mes suppliques, ni les larmes de Lywen qu’ils considéraient alors comme leur propre fille ne les fît changer d’avis. Ils me promettaient alors que cette étape serait la dernière, et qu’à mon retour, je serais libre et prêt à affronter la vie en portant haut la réputation des Sang-De-Lune.

Mes parents m’envoyèrent alors chez de lointains cousins de l’autre côté de l’océan. Après de longues nuits passées en mer, on accostait enfin en Azshara. Je passais alors ces dernières années dans une mission, bien cachée dans le Berceau de l’hiver, à approfondir mes connaissances sur Elune. Les alentours du Mont Hyjal regorgeaient de puits de lune, et autres temples abandonnés jadis dédiés à cette divinité. Chaque journée, passée loin de Lune d’Argent, de ma famille et de Lywen me paraissait aussi longue que des semaines, d’autant plus que mes parents n’avaient pas précisé la durée de ce dernier apprentissage. 1 an, 10 ans ? Une vie entière peut être ? Ils ne surent me répondre qu’une seule chose, que je reviendrais une fois prêt.

Et me voila, enfin de retour à Lune d’Argent, mon apprentissage fini, prêt à faire de ma vie ce pour quoi mes parents m’avaient prédestinés, et retrouver mon Amour, ma Lywen ….

Arraxas entendit soudain le bruit sourd et régulier de sabots s’approchant de la Cour du Soleil. Il rangeait aussitôt dans son sac son précieux carnet qu’il compléterait de ses futures aventures.
L’elfe chevauchant le cheval mort-vivant s’approcha, je lui dis alors :
« Sir Cendresang, je présume ? »
Il me répondit en plissant les yeux
« Hum…… Bonjour Seigneur Sang-De-Lune »